18/02/2012

Partition du Pakistan : exigence américaine

Les tensions croissantes entre Islamabad et Washington ont donné de nouvelles idées aux stratèges américains! Dana Rohrabacher, représentant républicain du Congrès propose, désormais, la partition du Pakistan et l'octroi de l'autonomie à la province du Baloutchistan."Les baloutches répartis entre le Pakistan, l'Afghanistan et l'Iran devront avoir le droit de décider de leur statut eux mêmes", a affirmé ce représentant. Le Congrès reste, visiblement, réticent face à cette proposition, qui ne fera qu'approfondir les ressentiments de la population pakistanaise, à l'encontre des Etats Unis .



Les racines historiques du mouvement baloutche d’autodétermination

Le nationalisme baloutche se réclame du Royaume de Kalat, principauté de l’État afghan dont le territoire englobait au 18e siècle l’aire d’extension des populations baloutches. Le tracé des frontières imposé par les Britanniques divisa les Baloutches entre l’Iran (ligne Goldsmith en 1871) et l’Afghanistan (ligne Durand en 1893). Dans l’Inde coloniale, les Baloutches vivaient aussi bien sous administration britannique que dans des principautés.
Lors de la création du Pakistan, le souverain de l’État de Kalat opta pour l’indépendance, mais l’armée pakistanaise intervint et écrasa, dès mars 1948, la résistance baloutche. Le gouvernement pakistanais parvint par la suite à tuer dans l’œuf l’irrédentisme baloutche en se ralliant les chefs de tribus (sardars) et en divisant le Baloutchistan en deux provinces (la Balutchistan States Union créée à partir des anciennes principautés et le Baloutchistan autour des zones sous administration britannique). Il fallut attendre le One Unit Scheme de 1955 pour que les Baloutches retrouvent un semblant d’union administrative. Toutefois, une nouvelle insurrection débuta en 1958 suite à la révocation du Khân de Kalat pour sédition.
Le zèle centralisateur de Z.A. Bhutto raviva la résistance. En 1972, le National Awami Party et la Jamiat-ul Ulama-i Islam (JUI) remportèrent les élections provinciales. L’alliance des deux partis annonça la mise en place d’une politique destinée à redonner la primauté aux Baloutches dans l’administration au détriment des Pendjabis. En outre, les dirigeants provinciaux souhaitaient avoir le contrôle de leur développement économique, ce qu’Islamabad refusait.
En dépit d’une politique d’ouverture, l’assemblée provinciale accepta à l’unanimité l’utilisation de l’ourdou comme langue officielle dans la province alors que les baloutches parlent le baloutche et/ou le brahoui, Z.A. Bhutto décida en février 1973 de démettre le gouvernement de la province dirigé par Attaullah Khân Mengal. Les principaux dirigeants du mouvement furent arrêtés, ce qui laissa la place à des cadres plus radicaux qui organisèrent la rébellion autour de deux mouvements : le Baluch People’s Liberation Front (BPLF) et le Baluch Student’s Organization.
Pour mater quelque 10 000 rebelles, le gouvernement fédéral déploya 80 000 soldats de l’armée régulière et, avec l’aide du régime iranien inquiet en raison de la possible extension du conflit dans les régions baloutches d’Iran, parvint à les mettre au pas au prix de lourdes pertes en vies humaines (8 600 morts, dont 5 300 du côté de la rébellion baloutche). 

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